Se taire signifie-t-il n’avoir rien à dire ?

Lorsque tu te tais, cela signifie-t-il que tu n’as rien à dire ?
Si tu ne te montres pas, cela veut-il dire que tu n’as rien à montrer ?

Ces questionnements m’interpellent. Je suis absente de la scène de mon site et des réseaux sociaux depuis mon dernier article « Être là » de février 2025 et pourtant je me sens pleinement présente sans ressentir le besoin de dire, de crier : « Je suis là ! Ne m’oubliez pas, je suis là ! « .

Tous les jours je suis bombardée de publicités, de messages me vantant les mérites de cette approche si incroyable ou de cette autre tellement révolutionnaire pour bien me vendre, pour être vue, pour être « présente » !
Être présent.e ou se sentir présent.e ?
Se sentir présent.e devant les autres ? Au sein des autres ?
En avoir la preuve par les Like reçus ?

Je ne sais pas pour toi mais honnêtement, tout cela me fatigue.
Ne vaut-on pas mieux que des Like pour se sentir exister ?
Je pense que ton attention mérite mieux qu’un post court pour t’informer que là maintenant, je bois mon café. C’est un conseil que j’ai reçu un jour : « Carole, maintenant il faut créer un lien permanent avec les gens, qu’ils apprennent à te connaitre par des petites choses du quotidien comme quand tu te fais une pause café. »

Je ressens le besoin de te parler d’une autre forme de pause.
Une pause que nous sommes peu habitué.e.s à nous offrir
Une pause qui peut faire peur
Une pause pas de côté
Retour à soi
Grotte
Descente dans nos profondeurs
Là où règne notre silence
Là où règnent nos ténèbres et lumières intimes
Là où règne notre nature sauvage, instinctuelle
Là où nous pouvons nous ressourcer, puissamment.

Une pause dont je m’extrais en douceur
Debout en moi
Solide
Ouverte au monde
Prête

Afin de recontextualiser ce besoin vital de pause, je reviens sur un extrait de mon dernier article :

« … chamboulée par les graves soucis de santé d’un proche auprès duquel je me retrouvai assise, non pas pour l’écouter me raconter sa vie mais prendre sa main et la sentir serrer fort la mienne. (…)
« Là »… adverbe de présence, deux lettres pour raconter notre capacité à prendre place dans un espace-temps. Ces dernières semaines émotionnellement houleuses ont densifié mon rapport au « là »… »

J’ai vécu la terrible et belle expérience d’accompagner un être cher dans ses dernières semaines de vie, jusqu’aux portes intimes de la mort. La maladie-ouragan qui dévaste tout en l’espace de trois petits mois

Qui dévaste « tout » ?
Non, la maladie n’a pas tout détruit. Elle nous a amenés, mes proches et moi, à « être présents » d’une autre manière : par l’amour, oui, un immense amour mais qui a dû apprendre à se manifester autrement. Dans l’urgence, dans la peur, dans l’impuissance, dans la tristesse, dans la perte de repères, dans l’apprentissage de nouvelles règles de vie et patatras… la nécessité de les réinventer deux jours plus tard alors que l’on commençait à se dire : « Ouf, un micro équilibre s’installe. Ça va aller, on va s’habituer. »

Cette expérience extrême m’a amenée à être présente et soutenante autrement que par la complicité des mots, cette rivière joyeuse dans laquelle nous pataugions avec tellement de naturel.

Soudain, plus d’eau, plus de ploufs, plus de rires, plus de mots ou si peu, des mots de besoins essentiels : manger, pipi, caca, dodo.

Cette expérience intime m’a ramenée à l’essentiel :
Qu’est-ce que la Vie ?
Qu’est-ce qu’une vie ?
Que faisons-nous de notre vie par nos choix ? Nos choix intimes, profonds, pas ceux que l’on nous montre ou nous impose.
Comment construisons-nous, nourrissons-nous notre présence au monde ?
Comment sommes-nous « là » ?

Cette expérience intime m’a obligée à aller chercher sous les mots
Là où je suis
Là où je vibre

Par ma main qui se pose instinctivement
là où le corps appelle le toucher
Par le chant qui monte en moi
s’improvise
et apaise l’angoisse
Gestes et chants de ma grotte intérieure
Présence troubadour au chevet de l’être aimé.

Après le décès, j’ai ressenti le besoin viscéral
De me retrouver seule, au calme
De me tapir au fond de ma grotte
De récupérer mon souffle

Conscience aiguë d’être vivante et d’honorer cette chance
Accueil de mes émotions, les douces comme les fracassantes
Plongée dans mes ressources intérieures
Mille fois explorées, nourries, vivifiées
Urgence de prendre soin de moi, de mon lieu de vie
en bricolant,
en jardinant
en cuisinant,
en triant,
en rangeant,
en marchant,
en dansant,
en honorant la personne « kinesthésique » que je suis,
dont la pensée est tellement vivante quand mon corps est en mouvement.

Recontacter ma pensée en passant par le mouvement
m’a aidée à apaiser mes émotions
à clarifier mon esprit
à me réaligner.

J’ai réalisé que sur le terrain de mes métiers :
créer et animer des ateliers d’écriture
accompagner des projets d’écriture
enseigner le français et l’expression écrite
j’étais pleinement présente, entière,
partageant spontanément ce qui,
au delà de mon savoir-faire et savoir-être dans l’écriture,
fait ma patte :
ma capacité à travailler avec l’inconscient
ma particularité kinesthésique
ma passion pour le corps et la danse
l’exploration de la voix par le chant d’improvisation

Par contre j’ai réalisé que sur le terrain de mon site ou des réseaux sociaux
ces facettes essentielles
de la femme que je suis
de la professionnelle que je suis
étaient… quasiment absentes.

Si tu savais le nombre de fois où j’ai senti monter en moi
la sève de l’écriture
le désir de partager avec toi
l’essence et l’expérience de mes métiers
que je trouve si beaux, si humains
Mais également te raconter mes coulisses
Comment le corps en mouvement,
la pratique si particulière du chant d’improvisation,
ma passion pour l’exploration,
imprégnaient mon travail.

Si tu savais le nombre de fois où je me suis dit
« A quoi bon ? »

Pudeur ?
Peur de me disperser ? De ne pas être lue ?
De mal m’y prendre côté Com ?
Un mélange de tout cela je pense.

J’ai mieux compris pourquoi écrire ici
avait été vécu comme une contrainte
une obligation de communiquer
pour être « présente ».

Le fait d’écrire deux articles sur l’acte de présence n’est pas innocent
Cette exploration de la présence est au centre de mon travail
d’accompagnement ou d’animation en écriture :
Comment écrire de manière incarnée ?
Comment rencontrer notre propre écriture ?
Comment arpenter, découvrir nos contrées intérieures en invitant l’acte d’écrire ?
Comment amener les participant.e.s d’un atelier d’écriture à être pleinement présent.e.s à elles.eux-mêmes et au groupe ?

Pour reprendre le titre de cet article
« Se taire signifie-t-il n’avoir rien à dire ? »

Malgré ce que nous montrent moult vendeurs.euses de poudre de Perlimpinpin
Non… se taire ne signifie pas n’avoir rien à dire, à penser, à exprimer.

Septembre approche,
je me sens prête à revenir vers toi
authentique, créative, audacieuse.

J’attends de voir comment le temps dédié à la danse et au chant se met en place
pour proposer des ateliers d’écriture :
Histoires de vie
Corps-Émotion
Création de personnages
mais également, nouveauté, des ateliers d’exploration par le mouvement et la voix.

Ces ateliers seront ouverts à des groupes de maximum 6 personnes et animés à mon domicile, à Sallertaine, à 2 pas du Leclerc de Challans.

N’oublie pas que mes ateliers, quelle que soit leur forme, peuvent exister au sein de ton association, collectif, structure, entreprise et même chez toi ! Pour tout renseignement, n’hésite à me contacter.

A tout bientôt.

Carole